FDA Mag

Les nouvelles du web et d'ailleurs !

Jean-pierre Bacri

Le toubibDésabusé, sans illusions, Jean-Pierre Bacri ? À l’écran seulement et avec cette nonchalance amusée dans le regard qui fait tout passer. Bacri ou l’art de transformer, mine de rien et en un geste, de sourdes défaites en des victoires diffuses. Sa courte filmographie reflète fidèlement cette image qu’on garde de lui à travers les diverses compositions auxquelles il s’est livré jusqu’à présent. Déjà dans « Le toubib », sa première apparition au cinéma en 1980, il a la lourde tâche d’annoncer, en une scène et à Docteur Delon s’il vous plaît, la mort du personnage incarné par Bernard Giraudeau. « C’est fini », murmure-t-il dans un râle Durassien tout en baissant son masque de chirurgien. Mais le début de consécration, pour Bacri, c’est pour plus tard. Pour 1983 plus exactement où, après avoir inquiété les foules dans « Le grand pardon » d’Alexandre Arcady, il se retrouve marié à Miou-Miou dans « Coup de foudre » de Diane Kurys.

À la fois combinard foireux, artiste raté et époux négligent, il ne dépareille pas dans l’excellente distribution qui comprend également Isabelle Huppert et Guy Marchand. 1984 marque pour lui l’amorce de compositions plus mouvementées. Il retrouve Arcady pour «Le grand carnaval », mais il se fait surtout remarquer dans « La 7e cible » de Claude Pinoteau, sur un scénario de Jean-Loup Dabadie. Son apparition ne dure qu’un quart d’heure, quinze minutes qui restent encore dans bien des mémoires. Bacri y incarne un inspecteur qui a une enquête et deux petites filles d’un précédent mariage sur les bras. Son partenaire dans «La 7e cible » n’est autre que Lino Ventura dont il garde un excellent souvenir : « Ventura n’est pas quelqu’un qui va vous donner de grandes tapes sur le dos, mais c’est plutôt le style d’attitude que je préfère. Durant tout le tournage, il ne m’a dit que « bonjour » et « bonsoir ». Mais c’est lors de ma dernière prise que j’ai vu que c’était un grand monsieur. J’étais seul dans le cadre ce jour-là, mais, grippé, je n’arrêtais pas de me planter. Lino s’est contenté de se mettre à côté de la caméra, de me lancer une boutade amicale accompagnée d’une mimique complice et le tour était joué. Face à un partenaire qui vous donne d’aussi bonnes cartes, on ne peut que bien jouer ».

C’est au cours de l’année suivante, en 1985, que Bacri s’impose définitivement en étant à l’affiche de trois longs métrages : « Subway », « Escalier C » et «On ne meurt que deux fois ». Dans le premier film, il campe un savoureux flic surnommé Batman et qui poursuit de ses foudres brouillonnes Christophe Lambert dans le métro parisien. Une apparition pittoresque comme celle qu’il effectue dans « Escalier C » où d’intellectuel réservé, il passe au statut de manutentionnaire pour les beaux yeux d’une fille-mère. Changement d’atmosphère dans «On ne meurt que deux fois «dans lequel il apparaît en barman cynique pris entre deux feux, ceux de Michel Serrault et de Charlotte Rampling. Aujourd’hui, Bacri attend avec impatience la sortie de « États d’âme » de Jacques Fansten où il a pour partenaires Robin Renucci, Xavier Deluc, Tchéky Karyo et François Cluzet. Bacri y interprète Romain, un prof qui devient inspecteur d’académie, féru de pédagogie, idéaliste et naïf. Au-delà de la satisfaction éprouvée à endosser une nouvelle peau, Bacri souligne son plaisir de donner la réplique aux comédiens cités ci-dessus. «On appartient à la même famille de sensibilités où le plaisir ponctuel du jeu se passe entre « action » et « moteur ». La mayonnaise a pris parce qu’on a tourné ensemble dans le bon sens, sans s’arrêter. En plus, pendant le tournage, je me suis marré plus que d’habitude. De toute façon, moi, je ne suis pas porté sur le délire narcissique ». Sur ce, Jean-Pierre retourne à son occupation favorite : l’écriture de pièces de théâtre au parfum souvent acide. Le sourire au goût piquant, voilà la principale composante des cocktails Bacri. Et c’est bon.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *