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Robin Renucci

Robin Renucci« Chi va piano va sano » semble servir de devise à Robin Renucci, l’anti-homme pressé par excellence. Il paraît accumuler les films un peu comme un maçon dispose de ses briques, lors de la construction d’un édifice : une par une, patiemment et en prenant tout son temps. L’exemplaire parcours du combattant de ce Bourguignon d’origine en est la parfaite illustration. Trois ans au Conservatoire d’art dramatique de Paris entre 1979 et 1981, des prestations théâtrales sous la direction de Roger Planchon ou de Jean Mercure et une dizaine de téléfilms ont servi d’apéritif à Renucci qui fait sa première apparition au cinéma dans « Les 40e rugissants » en 1981. On l’aperçoit ensuite dans « Eaux profondes », « Invitation au voyage », « Les misérables », « La petite bande » ainsi que « Stella ». Il meurt dans les bras de Miou-Miou dans « Coup de foudre » et on commence déjà à le remarquer. C’est Gérard Mordillat qui lui offre son premier rôle important aux côtés de François Cluzet et d’Élisabeth Bourgine dans « Vive la sociale ». Robin fait là feu de tout bois et s’y déchaîne, poussant même la chansonnette et entonnant un « Cuba si, Cuba no » de vivifiante mémoire.» Le film de Mordillat a beaucoup compté pour moi et m’a donné l’occasion de faire mes preuves de façon un peu plus complète qu’auparavant. Et puis, j’avais un plaisir particulier à avoir pour partenaires Cluzet et Bourgine qui tenaient là, eux aussi, leur premier rôle d’importance. Ça nous a tous soudés ». Après son passage en vedette dans « Vive la sociale », Robin renoue en 1984 avec les seconds rôles. On le remarque ainsi dans « Fort Saganne » ou « Les mots pour le dire », mais aussi et surtout dans « Le vol du Sphinx » où il est le mari complaisant de Miou-Miou, et dans « Train d’enfer » où il joue un inspecteur qui n’est pas au-dessus de tout soupçon. Deux compositions marquantes dans la mesure où il séduit tout en privilégiant dans son jeu des zones d’ombres qui le rendent inquiétant. Marquantes également, car dans le cas de ces deux films comme dans d’autres dont Renucci n’est pas la principale tête d’affiche, on se souvient de lui et des personnages qu’il incarne plus que des héros principaux. Dans ce cas, personne ne s’étonnera du succès personnel qu’il obtient dans « Escalier C » qui constitue pour lui une étape décisive et lui vaut l’étiquette de révélation masculine 1985. « Au départ, Forster, que je joue dans ce film, est un dandy, un esthète cynique complètement fermé au monde. C’est un type qui, en peinture, parle sans arrêt de la souffrance, mais qui ne supporte pas d’y être soudain confronté dans sa vie quotidienne. Il subit un choc et, du coup, il se modifie et s’ouvre aux autres. Ce jeu sur la modification d’un être, c’est un travail passionnant ». Renucci est intarissable lorsqu’il évoque son métier :» Les réalisateurs qui disent « Joue-toi toi-même » m’agacent. Ça ne veut rien dire, ou alors, ce serait la plus grande des compositions. Être acteur, c’est avoir la chance de pouvoir être d’autres que soi, c’est faire semblant, avec une vérité profonde et une jubilation totale. On en a fini de l’acteur névrotique dont on voyait tout. De celui qui, ne sachant plus qui il était, se jouait lui-même dans je ne sais quelle pathologie et, finalement, n’arrivait plus à créer ». C’est dans une parfaite harmonie que Robin s’est intégré à l’équipe de « Etats d’âme ». Il y est surprenant en sociologue, ancien militant antinucléaire qui devient conseillé auprès du ministère de l’Énergie. « Le tournage s’est parfaitement déroulé, il n’y a eu aucun psychodrame, tout a été ordonné. Quand on se bagarrait pour les besoins de l’intrigue, on n’oubliait jamais qu’on jouait. Ce n’était pas du Pialat… » Robin Renucci en cohabitationniste de choc ? Le rôle lui va comme un gant, d’autant plus que, cette fois, ce n’est pas du cinéma.

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