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Le sang va couler cette nuit

J’ai le temps d’apprécier le repas digne d’un empereur, en harmonie avec le cadre environnant, qui m’attend. Le dessert à peine achevé, j’aperçois les premiers trains de la gare de l’Est. Sur le quai, un petit orchestre classique nous accueille et tous les voyageurs parisiens investissent l’Orient-Express. Parmi ceux-ci, je note la présence d’une équipe de télévision, celle de «Temps libres » (émission diffusée le vendredi après-midi sur TF1), avec ses techniciens, ses animateurs Jean-Claude Nancy et Soisic Corne, et ses invités Yves Simon et Pascale Rocard. Le chanteur et la comédienne devraient mettre de l’ambiance jusqu’à Venise. Le meurtrier se cacherait-il parmi ces professionnels de l’image? La nuit est tombée sur les wagons bleus et blancs qui se dirigent vers Zurich, Innsbruck, Vérone avant d’atteindre la cité des gondoles le lendemain soir. Rencontres et frôlements dans les couloirs, la vie des longs voyages commence. Je fais rapidement connaissance avec les membres de l’équipe de TF1 qui est déjà au travail. Les prises de vues se succèdent à un rythme accéléré au milieu du luxe et de la bonne humeur. Il est minuit et chacun se dirige tranquillement vers sa cabine. J’en profite pour sortir le caméscope de sa petite valise et pour mettre en boîte des images des principaux acteurs de ce périple : Jean-Claude Narcy, Soisic Corne, Yves Simon, Pascale Rocard, le producteur de « Temps libres », les techniciens et Claude Ginella, directeur général de l’Orient-Express. Avec le GR-C2, je peux filmer sans aucun problème dans les couloirs sombres, car il supporte un éclairage minimum de 10 lux. Je vérifie immédiatement dans le viseur électronique si les images sont de qualité et je réintègre ma cabine, anxieuse. Le sang va couler cette nuit… C’est en plein Tyrol autrichien que je m’éveille. Le café frais et les croissants chauds, apportés sur un plateau d’argent par un serveur très digne, me font oublier l’espace d’un instant le but de ce voyage. Mais un cri déchirant me ramène à la réalité. Je me précipite dans le couloir et découvre le cadavre du producteur de TF1. Il a été poignardé pendant son sommeil. C’est le branle-bas de combat dans les cabines. Claude Ginella en tant que patron du convoi s’adresse à moi : « Il faut résoudre cette affaire avant l’arrivée à Venise. Le criminel n’a pas pu quitter le train ». Le calme revenu, je convoque tous les voyageurs dans mon compartiment et commence mes interrogatoires. Le caméscope JVC fixé sur un pied, enregistre tour à tour les images de personnes bouleversées, surprises ou agacées. Nous sommes en vue de Venise lorsque j’achève de réunir les indices.
Le visionnage des différents interrogatoires, excellent moyen pour confirmer les présomptions, reste à faire pour résoudre l’énigme. Arrivé à Venise, je file tout droit à mon hôtel, ayant pris soin, auparavant, de noter les lieux de séjour de chaque voyageur. Une fois dans ma chambre, je branche le GR-02 grâce à un cordon, sur le téléviseur. Je note avec soin la moindre fausse note dans l’alibi avancé par les suspects. Grâce au système autofocus du GR-C2, les images sont d’une étonnante netteté. Les vidéastes amateurs ne sont jamais pris en défaut grâce à ce matériel léger (2 kg) mais très fiable. Même si le son laisse quelquefois à désirer, j’ai tous les moyens pour confondre l’assassin. Ma conviction est faite : Jean-Claude Narcy et Soisic Corne sont les coupables. Une faute professionnelle d’envergure du producteur ou un contentieux personnel doivent être l’origine de ce règlement de compte meurtrier. L’Orient-Express, lieu privilégié de détente et d’enchantement, constituait l’endroit idéal pour commettre leur forfait. Je téléphone dans la minute qui suit à l’hôtel où ils sont descendus pour m’entendre dire que nos chères vedettes du petit écran ont filé dans Venise pour rejoindre l’aéroport. L’aventure se poursuit. Foi de Poirot Jr., je ne vais pas les laisser s’échapper. Mon caméscope en bandoulière, je parcours la légendaire Venise sur leurs traces. J’admire les tableaux de Titien au palais des Doges, je m’extasie devant la collection d’art vénitien dans la Galleria Dell’ academia et je parcours de long en large la place Saint-Marc, sans succès. Je prends enfin une gondole pour visiter les superbes canaux qui sillonnent la ville.
Aucun résultat. Je n’ai plus qu’à rejoindre l’aéroport pour coincer le couple de fuyards. Je manque de m’évanouir lorsque l’hôtesse du bureau UTA m’annonce que les oiseaux se sont envolés pour la Sierra Leone. Je ne suis pas arrivé au bout de mes émotions. La Sierra Leone est un petit pays d’Afrique coincé entre la Guinée et le Liberia. C’est le paradis pour les amoureux du soleil, des plages de sable fin et… du farniente. Après 8 h de vol et deux escales à Nouadhibou (Mauritanie) et Conakry (Guinée), j’arrive enfin à Freetown, capitale de la Sierra Leone. J’apprends là que le couple a pris le bac pour rejoindre Saint-Michael Lodge, lieu de villégiature parsemé de bungalows, en bordure de mer. Je m’installe aussi dans cet endroit paradisiaque et profite des plaisirs ensoleillés en attendant d’appréhender nos malfaiteurs. Après une nuit de repos bien mérité, je déguste un petit déjeuner composé de mangues, d’ananas et autres délices africains. J’assiste au retour des pêcheurs dont les barques sont chargées d’impressionnants poissons tropicaux, avant de reprendre mon vidéomovie JVC. J’ai craint à un moment que l’appareil ne supporte pas l’ensoleillement, mais je m’aperçois très vite que, comme moi, son tube Saticon adore la chaleur (35° à l’ombre). Je marche sur la plage de sable blanc à la recherche du bungalow qui abrite Jean-Claude Narcy et Soisic Corne. Je me demande s’ils ne sont pas partis jouer les aventuriers dans les îles de la Tortue toutes proches, se reposer sur la plage River Number Two (une des plus belles de la péninsule) ou se promener dans la brousse au milieu des villages africains.

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