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Jean-Hugues Anglade

La fièvre du samedi matin fait aujourd’hui sa première victime : Jean-Hugues Anglade dit Zorg dans «37», le nouveau film de Jean-Jacques Beineix. Le virus coupable a toutes les apparences d’un typhon dévastateur intitulé Béatrice Dalle dite Betty pour les besoins de l’intrigue. Anglade plonge avec elle dans les abîmes de la passion revue et corrigée par saint Beineix et sort vivant de cette descente aux enfers en dérapage contrôlé. Vivant, assurément, mais pas intact. Si certains comédiens se construisent une carrière en slalomant perpétuellement à travers deux cascades et trois bons mots, Anglade, lui, choisit des blessures pour armes et ces armes pour vaincre. Il réussit à jouer avec le feu le long de deux films (« L’homme blessé » et « 37°2 le matin »), s’approchant des flammes, les traversant même à son corps défendant pour en ressortir, un peu brûlé certes, mais prêt à remettre ça. Au risque de surprendre quelques esprits, on pourrait fort bien imaginer qu’Henri, le jeune écorché vif de « L’homme blessé », ne serait que le petit frère caché de Zorg, le héros du film de Beineix.

Jean-Hugues AngladeDifférents dans leurs façons d’aimer et de donner, mais semblables dans cette enivrante frénésie qui les pousse au milieu du premier tourbillon qui passe. Et Jean Hugues Anglade dans tout ça ? Il reste lui-même vaille que vaille, c’est-à-dire une sorte de muraille en éternelle reconstruction. Certains se souviennent d’abord de l’Anglade-homme de théâtre entre 1977 et 1982. Acteur, il s’essaye aussi et surtout à la mise en scène. Il dirige successivement « Scènes de chasse en Bavière » de Martin Sperr à Paris et à Lyon puis « Great Britain » adapté de la pièce de Marlowe au Théâtre des Amandiers à Nanterre. En 1982, il fait sa première apparition cinématographique dans « L’indiscrétion » de Pierre Lary avant d’éclater l’année suivante dans « L’homme blessé » de Patrice Chéreau. La coupure avec le théâtre est consommée : « Le théâtre, c’était pour m’amuser. Maintenant j’ai grandi, le cinéma c’est mon chemin. Le théâtre, c’était pour me préserver de ce qui me tombait dessus, mais je me faisais chier… » Amoureux fou d’un individu trouble dans le film de Chéreau, Anglade frappe fort et se fait ainsi remarquer, davantage que dans « La diagonale du fou » tourné l’année suivante. En 1985, il se livre à un tout autre exercice de style puisqu’il est le roller-skater de « Subway », un rôle beaucoup plus physique qu’émotif. « Le film de Chéreau était ma première expérience au cinéma. Je me suis laissé conduire par Chéreau. J’ai donné mon énergie, mais pas de la même façon que pour «37°2 ». D’abord, je ne suis pas homosexuel, même si j’ai tout fait pour montrer cette sensibilité-là. Ce film créait une ambiance malsaine dont j’ai cherché à me protéger. Quand je quittais le plateau, j’étais délivré de quelque chose.

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